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Je profite qu’elle soit occupée ailleurs pour répondre à la (bonne) note de mon amie Jeanne A Debats (A pour Ahmaiscommec’estintéressantmabicheetsinon,t’asvuqu’ilyadesoldes ?).

Bon, ok, le lien mène sur son blog mais pas sur la note. Compte tenu du fait que j'ai vraiment autre chose à faire que d'apprendre à optimiser un outil aussi facile qu'un blog over-blog (ce serait donc terriblement médiocre d'en triompher), démerdassek! (Et profitez-en pour lire les autres articles de cette excellente référence, bande de feignasses)

Il y a effectivement un auteur. Un écrivain. AuteurE ou écri-vaine, c'est laid.

Mais il y a aussi une romancière.

Et oui.

J’aime bien ce mot, romancière. Etant donné que je fournis assez peu d’essai critique à mes semblables (en plus, j’ai découvert le space op et c’est juste savoureux à écrire) et que j’ai autant de sens poétique qu’une entrecôte sans frites,  ça me va bien, romancière.

Adopté à l’unanimité.

Voilà ce que je répondrai, dans un halo de fumée, la prochaine fois qu’on me demandera ce que je fais dans la vie et juste avant que le « professeur de français » consterne la moitié de l’assistance (l’autre moitié ricanant). Ca m’évitera le sempiternel « Et c’est pas trop dur ? », comme si tous les profs du monde bossaient dans des banlieues chaudes où enseigner revient à ne pas appuyer sur la gâchette sans somation.

Peut-être qu’en répondant ça « je suis romancière » (plutôt Agatha Christie, n’est-il pas ?), j’éviterais aussi le « Et tu en as vendu combien ? »

Cette question me tue.

Est-ce qu’on demande à un médecin combien il gagne, où est son cabinet et combien il abat d’angines/panaris/dépressions par jour ?

Est-ce que je demande à mes amis (qui font pour la plupart des métiers que je ne comprends pas, mais avec des ordinateurs, des gens qu’ils commandent ou qui les commandent et des heures de bureau) combien ils gagnent par mois ? S’ils ont des responsabilités ? S’ils réussissent leurs objectifs ?

Ben non.

Qui a envie de poser une telle question et de prendre le risque d’entendre : « je suis technicien, je gagne le smic, j’ai jamais de vacances et au boulot, les gens m’appellent « Demi-Con » ?

Bon alors, outre le fait que ce serait réduire l’écriture au nombre de ventes, qui a envie d’entendre « ben euh, je vends pas tant que ça, j’écris comme une folle, je dois me battre contre le quotidien pour ça et puis euh, je crois que quelque part sur le net, on parle de moi » ?

Bon ALORS ?

(Une voix malfaisante – la petite voix de mon cerveau quand il essaie de me tuer – me dit que, quelque part, c’est bien la réponse que les gens attendent.)

Juste après, dans la liste des réactions époustouflantes de bêtise, vient le « Et tu es connue ? »

Je suis Guillaume Musso, tu vois pas ?

(Variante : « Marguerite Duras, enchantée ». Mais il faudrait porter des cols roulés. Je pense que parmi tous ces gens, la plupart sait qu’elle portait des cols roulés mais pas qu’elle est morte... J’ai donc toutes mes chances.)

De temps en temps, j’ai le droit à « Et tu écris quoi ? » qui fait repartir directement à la case départ, sitôt que j’ai répondu « de l’imaginaire ». Parfois, il faut expliquer, les gens pensant que tout écrit est de toute façon de l’imaginaire.

Après, arrive le petit groupe d’élus de mon cœur qui demandent innocemment depuis quand j’écris, ce que ça fait et enfin où on peut lire mes livres. (Ne pas répondre « Dans ton cul », il y a eu un effort, quand même !)

 

En général, je réponds cette chose qui en France passe pour de la bêtise congénitale ou de la fausse naïveté : « J’ai réalisé le rêve de mon enfance. »

 

Et oui. Il n’y a que chez les cons qu’on pense que le cynisme est un intellectualisme.

 

Sur ce, je vous laisse, je suis dans la ville française équivalente à Derry (Maine) où je paie sûrement d’être morte d’une overdose à Ibiza dans une vie antérieure.

 

 

PS : pour les incultes qui lisent ce blog (oui, je parle de toi), Derry (Maine) est une ville des Etats-Unis où Stephen King situe très souvent ses intrigues les plus flippantes. Sous la ville, par exemple, il y a une araignée géante qui se déguise en clown pour bouffer les gosses. No joke inside.

Tag(s) : #You're talking to me!
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